Église de Montchaton (fin de journée en Février)
Pastel sur Pastelmat 50x70 cm
ERIC DELACOUR
Peintre (pastelliste)
Quels que soient les mérites intrinsèques qu’elle révèle, toute démarche artistique se trouve être l’aboutissement d’un faisceau de rencontres et d’expériences accumulées. (...)
Chez Eric DELACOUR, peintre d’une grande intégrité intellectuelle et d’une humilité indéniable, le choix du pastel semble s’être imposé de lui-même - non sans quelques incursions dans les domaines de l’huile et de l’acrylique, mettant à profit l’enseignement d’aînés reconnus sur la région. Le pastel correspond sans doute le mieux à l’expression de sa nature profonde. « Sans que cela soit toujours conscient ou pensé, explique-t-il, je me sens bien dans la spontanéité que permet la technique du pastel. Quant à savoir pourquoi l’on peint, je n’ai pas d’explication toute faite. Je pense que cela répond à une nécessité intérieure, à un questionnement d’origine enfantine devant le réel : pourquoi est-ce qu’on naît au monde ? Et c’est une certaine façon de travailler au corps cette énigme malheureusement éphémère. Pour ma part, j’ai été attiré très tôt par le dessin et la peinture. On m’a encouragé dans cette voie. Cependant, ayant consacré beaucoup de temps à ma carrière professionnelle, j’ai dû pendant de nombreuses années délaisser la peinture. Aujourd’hui, mon emploi du temps permet de m’y consacrer beaucoup plus largement et je rattrape le temps ayant trouvé dans le pastel un complice adapté à mon tempérament.»
Les sujets qu’il aborde (l’humain est au cœur de son œuvre en même temps qu’une perception sensible et chaleureuse de la nature) accordent ainsi une large part à l’émotion et à la spontanéité.
Par son onctuosité particulière, le pastel donne une indéniable douceur au sujet traité, qu’il s’agisse de nus, d’intérieurs, de natures mortes, de scènes de genre ou de paysages. Il prédispose à une certaine intimité avec le sujet. Pour Eric Delacour, le nu et le portrait demeurent visiblement des thèmes de prédilection. Il se définit comme « un peintre de nus sages et de paysages ». S’y glisse souvent une touche de sensualité que l’artiste s’applique bien sûr à décliner dans le respect absolu de la dignité de la femme. « Toutes les courbes de la nature sont contenues dans un corps féminin », rappelle-t-il opportunément. Autant dire qu’il est impossible d’épuiser un sujet lié de près à la vie et à la genèse du désir.
Face au modèle vivant comme devant le paysage, Eric Delacour s’efforce de conjuguer la réalité sensible et la structure logique de la représentation, cherchant sans cesse un équilibre entre le regard objectif et l’émotion du poète. Dans son approche du paysage, on retrouve ce besoin de transmettre la volupté de l’instant sans jamais donner l’impression de s’égarer dans l’anecdote.
N’ayant pratiquement pas recours à l’estompe, le peintre travaille en aplat, sans repentir, avec la tranche même du pastel, faisant ressortir de beaux effets de lumière, des éclairages frisants sur l’épiderme de ses modèles, aboutissant à une plasticité qui met les reliefs en valeur.
Sans doute se
méfie-t-il des seuls ressorts de la technique qui ne sauraient
suffire à faire une œuvre, cette dernière ne pouvant que provenir
d’une certaine qualité d’âme.
Luis Porquet, critique d’art (avril 2017)